Pendant mes années d’exercice à Bordeaux, j’ai été plusieurs fois vétérinaire sanitaire sur des salons de ventes de chiots. Encore un univers sur lequel il y aurait fort à dire. Les meilleures pratiques d’élevage côtoient les pires et le public n’a pas toujours conscience des différences entre les éleveurs et de la galère dans laquelle il s’engage dans certains cas.
Nous n’avions plus de chien depuis plus d’un an et voilà que je me sens attirée par une boule de poil dite Berger Australien, couleur merle. Mon fils m’appelle, trouvant que je tarde à rentrer:
– J’arrive, Micka. Je nous ramène un chiot.
– Tu plaisantes maman ?!
Ben non, c’était très sérieux ! Pour la première et unique fois de ma vie j’ai acheté un animal.
Baptisée Java, elle a été un chiot très facile à élever, s’adaptant bien avec les chats. Et évidemment, une jolie présence pour mon fils et moi.
Sur les boîtes de “crisax”, le principal médicament vétérinaire qui traite les symptômes de l’épilepsie, figure une silhouette de Berger Australien.
Effectivement, c’est devenu la pathologie caractéristique de la race. Chaque fois qu’une race se développe avec trop peu d’individus souche, il y a forcément une consanguinité beaucoup plus importante que sur des espèces sauvages.
Des gènes récessifs, trop faibles pour exprimer leur potentiel, finissent par devenir des gènes dominants. C’est la raison principale pour laquelle des pathologies deviennent emblématiques d’une race.
À deux ans exactement, comme expliqué dans la bibliographie, Java a commencé ses crises d’épilepsie. Un calvaire pour elle et la véto que je suis qui s’est sentie tellement impuissante et démunie. J’ai tout essayé, des neuroleptiques qui la rendaient comateuse, la phyto, l’acupuncture et aussi une consultation avec un vétérinaire ostéopathe réputé de Bordeaux.
Son examen clinique a conclu en particulier à un dysfonctionnement musculo squelettique de l’axe diagonal épaule droite hanche gauche qu’il a traité par des manœuvres ostéopathiques. Je suis repartie avec un compte rendu écrit.
Dans le même temps j’avais envoyé une photo de Java à une amie formée à la médecine chinoise et récemment à la communication animale. Elle m’envoie un court message par mail me disant qu’elle n’a pas récupéré beaucoup d’informations.
Juste, il lui semble que la chienne a une gêne à l’épaule droite et la hanche gauche! Je reprends le compte rendu du véto, je relie le mail et j’avoue j’en suis restée assise! Aucun doute, ce dysfonctionnement précis était décrit par les deux méthodes.
Malheureusement, rien n’a permis de stopper les crises ou de les espacer suffisamment. J’aurais pu faire le choix d’utiliser les neuroleptiques à hautes doses pendant plus longtemps.
J’avoue, voir ma chienne “stone” à longueur de journée, est devenu insupportable. J’ai fait le choix de l’accompagner de mon mieux avec des techniques simples tant que cela a été possible.
Un jour, avec l’aide de mon fils ainé, nous avons décidé que si là dans la nuit, elle subissait une 3ème crise pendant les 24h écoulées, j’utiliserais un produit enthanasiant plutôt que sédatif dans son intraveineuse.
C’était décidé entre nous. Nous l’avons fait et ce fut pour moi une blessure profonde. À ce jour encore je n’ai pas laissé un autre chien entrer dans ma vie.