Merlin a commencé à avoir des écoulements à l’œil gauche, d’abord légers. J’ai vu, surveillé, sans pouvoir examiner vraiment.

De son passé de chat « tigre » qui a attaqué violemment ses premiers propriétaires, il a gardé un comportement imprévisible. Enfin … quand il vient et demande des câlins, tout va bien. Simplement il ne supporte aucune contrainte corporelle et n’aime pas être surpris.

Je suis partie une première fois en déplacement. A mon retour, l’œil était plus souvent fermé. Il ne se plaignait pas, ne se frottait pas, mangeait et se déplaçait normalement.

Je suis allée chercher des collyres et un test « ulcère » de la cornée. Je n’ai pas réussi à faire le test. J’ai difficilement réussi à mettre un peu de collyre antibiotique cicatrisant pendant une journée.

Et puis je suis partie 5 jours à Madrid pour la remise des diplômes de mon fils cadet. J’ai perdu mes lunettes de vue à la terrasse d’un café !

A mon retour, l’œil était gonflé et Merlin abattu. Plus d’hésitation possible ! Je prends rendez-vous à la clinique voisine et me prépare pour faire entrer Merlin dans la boite de transport.

Quand j’ai déménagé il y a 2 ans, il a défoncé la cage pendant le trajet !

Au premier créneau de rendez-vous il était parti. Le lendemain matin, j’ai bloqué la chatière dès qu’il est rentré manger et j’ai réussi à le mettre dans la boite.

Il a réussi à en sortir en arrivant dans la salle d’attente et s’est laissé rattraper par une assistante vétérinaire.

La véto a réussi à entrouvrir l’œil, décidé de l’anesthésie immédiate. Il s’est laissé faire mais quelques minutes plus tard elle m’appelle :  il s’est donné un coup de patte, la cornée a fini de percer, l’énucléation est inévitable.

Elle a compris que c’est un chat impossible à manipuler tous les jours, elle fait une suture « invisible » avec des fils résorbables ; je l’en remercie encore.

Il est hospitalisé 24h. Le lendemain matin il est redevenu chat « tigre » qui se jette sur la porte en feulant dès que quelqu’un approche. Un peu plus calme quand il a entendu ma voix mais impossible de l’approcher.  

Il sera à nouveau anesthésié, et heureusement, pas besoin de collerette.

Je le ramène endormi à la maison. Il a passé la phase de réveil dans mes bras la plupart du temps. Cette phase ou l’animal se cogne partout et titube en essayant de lutter contre les effets de la fin d’anesthésie.

Aujourd’hui, 4 jours plus tard il a repris un comportement normal.
Il tourne un peu plus la tête quand un bruit vient de gauche ; je suis vigilante à ne pas le surprendre sur son côté « aveugle ».

Il s’est déjà adapté !

Les émotions et sentiments

Il a fallu que je vive cet évènement pour vraiment comprendre ce que nombre des personnes de mes clientèles vétérinaires me partageait sur leur sentiment de culpabilité !

Oui bien sur je me suis sentie coupable !

Véto et incapable de soigner mon chat ! Prendre la décision de la consultation en clinique «trop tard» !

La culpabilité est inutile, et douloureuse.

Elle prend son nid dans se refaire le film d’hier avec les faits d’aujourd’hui ! Elle nourrit nos sentiments d’infériorité, de manque de confiance et d’estime de nous.

Prendre la responsabilité de mes actes, c’est une autre dimension. Pas forcément plus facile mais plus « adulte » et réaliste.

Oui le contrat moral que j’ai passé avec ce chat à son arrivée a été le même que les 2 autres chats « tigre « que j’ai accueilli précédemment. Dans l’urgence de la situation de crise où le propriétaire contactait mon service d’urgence vétérinaires, la demande était de sortir l’animal de chez lui soit pour une euthanasie soit … un refuge ? une autre famille ?

J’ai toujours refusé l’euthanasie pour ces cas-là et donc par 3 fois j’ai accueilli ces chats pour un provisoire qui s’est transformé en adoption.
Le contrat : je vous offre le gite et le couvert et vous acceptez votre nouvelle famille et sinon retour à la case départ.

Les 2 premiers, des femelles qui sont vite redevenues très gentilles. Le secret ?  Pour moi, il consiste à leur donner de l’espace et de la liberté. Donc oui accès libre au jardin très rapidement et ça fait toute la différence.

Merlin est le seul mâle ; un caractère impulsif et réactif qui demeure et une vraie vie de chat de gouttière en extérieur.

Alors oui je suis restée observatrice et au clair avec mes priorités de déplacements de plus en plus nombreux maintenant que je suis à la retraite et libre de bouger à ma guise.

Sentiment d’impuissance aussi : « voir » qu’il y a besoin de soins et ne pas pouvoir les faire.  

Aujourd’hui Merlin vit au présent sa vie de chat libre en extérieur.

Pour moi c’est encore douloureux de le voir avec un seul œil !

Est-ce que j’ai un message à comprendre de cet évènement ?

Et la communication animale me direz-vous ?

Est-ce que je m’en suis servi ?

Oui et non sera ma réponse aujourd’hui !

Un peu de mystère et d’acceptation que nous savons à la fois tellement plus et tellement moins que ce que nous croyons !

 

 

 

 

 

 

Extrait de mon livre « Mon coeur de lionne ».

Le syndrome du chat tigre est un comportement pathologique caractérisé par une agressivité aussi soudaine que violente. Le chat jusqu’à lors tout à fait normal attaque d’un seul coup son propriétaire. Il peut griffer, mordre, feuler et rester inapprochable tout le temps de la crise.

De mon expérience personnelle, ce syndrome a toujours touché des chats d’appartement.

Les articles vétérinaires évoquent une cause alimentaire , alimentation déséquilibrée ou distribution des repas insuffisante. Il peut s’agir aussi d’un manque d’activité, de stress, d’une mauvaise sociabilisation.

Le retour à la normale demande des propriétaires très motivés avec un appartement suffisamment grand pour que l’animal ait une distance de fuite.

Il est nécessaire de prendre en compte les causes citées plus haut, essayer de repérer le facteur déclenchant et éventuellement mettre en place un traitement médicamenteux.

Le plus souvent nous sommes appelés en urgence vétérinaire parce que les propriétaires ne peuvent plus aller dans la pièce où est le chat, ils ont peur. Leur peur augmente la réactivité du chat et le cercle vicieux est enclenché. 

La crise dure plusieurs heures. Il est très difficile pour le propriétaire de retrouver la confiance dans son animal. Si il y a des enfants  en bas âge ou un bébé à venir, le plus souvent la personne veut se débarrasser de son chat. 

Quand il n’y a pas de solution en le confiant à une autre personne de la famille qui aurait un jardin par exemple, il peut arriver que l’on nous demande de pratiquer l’euthanasie.

Ma conviction que le retour à la normale est tout à fait possible en changeant le milieu de vie est étayée par les résultats que j’ai obtenus avec les trois chats « tigres » que j’ai récupérés au fil du temps.